L'antiproton attendrissant

L'analyse se dévêtirait:

Catégorie: Alcools

Fil sur lequel je ne peux intervenir mais que je trouve hyper pertinent

by Vanessa Massera

En attendant.

by Vanessa Massera

Monument fucked up

by gaube

Demander aux artistes qu’est-ce qu’on devrait faire comme développement durable culturel pour le 21e siècle. C’est simple. Donnez-nous du fric. Beaucoup de fric. Beaucoup de fric, et carte blanche, aussi.

Le gouvernement ne doit pas imposer une esthétique. Peut-être que certaines personnes abuseront, feront des choses très laides et très connes, mais c’est pas grave. Je demande l’anarchie esthétique, rien de moins, et je veux être payé pour.

Et soyez un peu gambler. Let’s go, on fait un monument fucked up! Donnez un terrain vague et un gros budget à un architecte un peu fou. On manque d’architecture, au Québec. Et on manque de fucked upness. Le stade olympique… il est pas si laid. C’est juste que si on voulait en faire un symbole, c’est raté. Bien trop commun. Des choses communes, il y en a partout sur Terre. Allez. On fait quelque chose de tellement fucked up que les gens de partout sur Terre se déplaceront pour le voir. Une affaire folle.

Tout le monde va dire : «ça va être un désastre, ça va être un désastre!» On va envoyer des emails à Pierre Foglia. Pis on pourra rien faire, parce que le contrat va être signé, et dans la constitution, on aura décrété l’anarchie esthétique. Alors on va regarder le désastre se produire.

Le monument fucked up, le monument fucked up! Des émeutes, pis toute.

Chui tanné que les gens soient indifférents. J’veux qu’ils soient choqués, qu’ils huent, qu’ils fassent des manifestations anti-art-dégénéré. Le gouvernement nous donne tellement pu de fric que ça choque pu.

Pis on s’en crisse, du «durable» dans la culture. La seule chose importante, c’est l’anarchie esthétique, et de ce géant chaos, on palpera parfois le beau.

Le beau, il est toujours là, peu importe le budget. Mais le beau avec du gros budget, c’est le fun. C’est un sophisme esthétique que je sais apprécier.

Faudrait parler un peu plus d’art dans les médias. Autant que le sport. «Tel artiste visuel nous a encore fait le coup d’une toile avec du caca dessus.» Ou une critique sur les seins des concerts de danse contemporaine.

Ah. Pis non, finalement. Le sensationnalisme, c’est un peu trop sophistique pour mon esprit si raffiné. Les totons des danseuses contemporaines, c’est de façon intellectuelle que je me branle dessus.

La durabilité en culture, ça sert peut-être à ce que plus de gens pratiquent la masturbation mentale.

La durabilité, ça ne serait pas aussi un sophisme?

Faudrait définir «durable». Et «beau». Et «art». Et plein d’autres affaires de fonctionnaires.

Mais à la place on devrait faire un gros monument fucked up.

Nous

by gaube

Vanessa a écrit, dernièrement, sur l’importance de l’aspect social de la musique. Prenons pour axiome que toute création est nécessairement, entre autre, un acte social et que, consciemment ou pas, les décisions prises par l’artiste sur son œuvre découlent de cet aspect.

Mon père a vécu les années 60 et 70, et me dresse parfois le portrait idéalisé de cette époque : l’amour libre, la drogue douce et les bons vieux disques vinyles. «Quand les Beatles sortaient un nouvel album, on avait l’impression que la Terre tremblait, qu’il se passait quelque chose!»

Il se passait quelque chose, c’est vrai. Un mouvement de société. Mais tout ce qui m’intéresse, moi, c’est la musique. Je ne regrette donc pas du tout de ne pas avoir vécu les années 60 et 70.

Ma coloc m’a demandé si ça m’intéressait d’écrire de la musique de film. Oui et non, mais plutôt non.

Ma mère pense intérieurement (elle le niera) que j’ai beaucoup de restants d’adolescence dans ma façon de penser. Faisons-nous plaisir : lisons du Baudelaire!

« — Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville. »

Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s’approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché ; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi en manière de reproche.

« — Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d’excréments, vous l’auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l’exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »

Baudelaire, Le spleen de Paris, VIII

C’est normal, avec cette façon de penser, que je compose de la musique qui ne cherche pas du tout à plaire au plus de gens possible.

Il n’y a que l’art qui m’intéresse, et pas son aspect social. Mais l’aspect social fait intrinsèquement partie de l’art.

Guillaume Apollinaire

by Vanessa Massera

L’impact social de la musique — Réflexion – #EE2010 – INM

by Vanessa Massera

(via ee2010.posterous.com)

Art : «Ensemble de moyens, de procédés conscients qui tendent à une fin.» ; «Chacun des modes d’expression esthétique, dans quelque domaine que ce soit.»

Langage : «Fonction d’expression de la pensée et de communication entre les hommes, mise en œuvre au moyen d’un système de signes vocaux (parole) et éventuellement de signes graphiques (écriture) constituant une langue.» ; «Façon de s’exprimer. Usage du langage propre à un groupe ou à un individu.»1

Calligraphie arabe d’une mosquée (source: calligraphie-ar-abe.blogspot.com)

Il n’y a donc pas d’ambiguïté : l’art est un langage. Comme le langage est une fonction d’expression, il va de soi que l’art en soit aussi une. L’art suit, exprime une esthétique. Mais qu’est-ce qu’une esthétique? L’esthétique, dans la majorité de ses définitions, est un moyen de percevoir, concevoir ou relever le beau. Le hic, c’est qu’il se trouve que le «beau» ne peut se définir que par des sentiments et, par conséquent, de manière absolument personnelle. Donc, à quoi bon?

Eh bien, voilà toute la différence entre la définition stricte du langage et celle de l’art. Les deux sont des systèmes et donc des codes, mais leur universalité se trouve dans deux sphères complètement distinctes de ce qui forme l’être humain et ses moyens de communications. D’abord, le langage se veut un outil de «transmission de la pensée», par les mots, qui eux, expriment des concepts. Mais ces concepts sont toujours développés par un bassin relatif à une population (qui communique par ce langage) et sont toujours intimement reliés à son histoire, sa géographie, ses croyances, etc. Voilà une des raisons de l’importance de l’étymologie, très souvent sous-estimée.

Il est d’ailleurs très intéressant de constater, d’une langue à l’autre, les différentes barrières linguistiques et comment, même jusque dans la syntaxe, le code — et la façon de penser d’un peuple, d’un ensemble d’individus —, s’inscrit dans sa manière de s’exprimer. Et puis la langue n’est, somme toute, qu’une combinaison de procédés littéraires. Encore là, tout est infiniment personnel, puisque la perception, tout autant sémiotique qu’émotive, ne dépend que de l’individu. Ainsi, l’individu transcende l’ensemble. Or, l’art est un produit d’individu.

Ensuite, l’art a son esthétique. Chaque œuvre suit plus ou moins une idée globale d’intention, une ligne directrice qui définit le style du langage employé. Par exemple, l’architecture : Au Moyen Âge, où, hors des bourgs, «point de salut» ou, plus précisément, «chacun pour soi», une très concevable atmosphère de peur régnait. L’architecture s’est développée en conséquence: forteresses, tourelles de guet échauguettes, mâchicoulis pour les éventuels attaquants, créneaux et merlons, meurtrières, ainsi de suite. Des murs de pierres percés d’aucune fenêtre, sinon l’ouverture d’une canonnière ou d’une archère.

Château fort de Horst (Source: Wikipédia)

La définition de sécurité a bien évolué à la Renaissance, et les palazzi italiens en témoignent : les grandes portes donnant sur le cortile, au rez-de-chaussée, les fenêtres à chaque étage, les lieux d’échanges et de rencontres, de démonstration de sa richesse à autrui, diffèrent de loin de celui qui ne cherche qu’à s’«emmausoler» de son vivant.

L’architecture, comme structure, est tout autant une forme de langage que les autres formes d’art. L’architecture suit une esthétique : au Moyen Âge, c’est le modèle de la peur qui dicte ses édifices; à la Renaissance, le désir de paraître puissant et confiant. Par conséquent, l’architecture exprime un mode de pensée, une philosophie, un état. Ainsi, elle informe et donc, communique, à qui le voudra bien, au sujet de ceux qui l’ont façonnée.

C’est la même chose du côté de la musique. À chaque époque, tout en étant le même langage, elle exprime quelque chose de bien différent, même que l’arsis et le thésis — ce qui définit, respectivement, la tension et la résolution — varient selon l’époque. D’ailleurs, à travers les siècles où la royauté ou l’impérialisme ont régné, la musique, en tant que langage, avait un système très analogue : le concept de «tonalité» se définit par le fait qu’il y ait une tonique, pôle sur lequel reposent les autres piliers, dont les degrés principaux et les autres. En somme, la gamme est comme un système politique : le roi est la première note, et le reste sont ses sujets, tous soumis sa couleur particulière.

Constatons que vers la fin du XIXe siècle, la peinture se libérait du dessin, au même moment où la musique se libérait de la tonalité. C’est finalement Arnold Schönberg qui, en 1908, créa le système dodécaphonique, où, à l’instar du communisme, chaque note était égale. Révolue, l’époque des gammes! Maintenant, plus aucun repère de polarité, simplement différents cheminements intervalliques. Changements d’esthétiques.

Étoile noire de Paul-Émile Borduas (source: l’encyclopédie canadienne)

Maintenant, où replacer tout ça dans le contexte de l’entrepreneuriat social ?! Il ne faut pas perdre de vue que l’art est une forme d’expression, donc un moyen de communication. Voilà la clé. L’art implique un public. Aussi restreint soit-il. Mais qu’est-ce que la musique a de si particulier ? C’est avant tout une expression instantanée, bien que se déroulant dans le temps, et une manière d’atteindre l’humain profondément et ce, très rapidement. Par exemple, comment peut-on ignorer une personne qui décide de se mettre à chanter en pleine ville ? Ou un musicien dans une station de métro qui réverbère comme une église ?

La musique est, avant tout, un plaisir. C’est pourquoi elle parvient à rassembler tant de foules. Le concert est, ainsi, presque d’emblée une convoitise du marché, devient un «produit en devenir», pour le potentiel de sa portée. Mais ce n’est pas qu’un produit de consommation, c’est aussi un mode de vie. C’est, comme la langue, l’expression d’une culture, d’une histoire et d’une philosophie.

La colombe de Pablo Picasso (source: hagaborg.blogspot.com)

Jeunes Musiciens du Monde, comme me le rapporte Stéphanie Lessard-Bérubé, est un organisme qui offre à ses initiés des outils pour affronter la vie. Effectivement, parce qu’un musicien, pour succéder, a besoin de nombre de qualités non négligeables, telles que savoir travailler autant seul qu’en équipe, être autonome, être créatif, être ponctuel, avoir l’esprit logique, avoir l’esprit vif, savoir se détendre, être persévérant, être flexible, être ouvert d’esprit, avoir d’excellentes habiletés motrices, ainsi de suite. La liste est longue.

Non seulement ça, mais la musique peut aussi être un passe-temps et un échappatoire. C’est un mode d’expression de plus qui permet de ne pas se sentir seul, de s’alléger de ses émotions sans nécessairement avoir à recourir aux mots. C’est un art du temps qui permet de se perdre dans l’instant présent.

La musique, en tant que moyen rassembleur et communicateur, est un agent pacificateur à ne pas négliger. Elle permet, non seulement par le plaisir, mais aussi par le simple fait qu’elle est une possibilité d’expression, de réduire les tensions et d’établir un lien instantané entre quiconque la partage.

Comme la musique est un miroir de la société, elle est aussi politique. Elle se définit selon la politique, mais elle définit aussi la politique. Elle est donc, en ce sens, non seulement le simple reflet d’un groupe, mais encore, un puissant véhicule de philosophie qui prend part à l’histoire.

En ce sens, l’art engagé peut soutenir, avec les bons outils, bien des causes, et avoir une portée inestimable. Il peut devenir aussi fort qu’un manifeste, sans pour autant s’imposer aussi directement : on peut se faire comprendre autrement que par des mots seulement.

D’ailleurs, au sujet de la culture, si un individu est dépouillé de tout ce qu’il possède, et qu’il est isolé de tout contact avec le monde, il lui restera toujours sa culture, ce qu’il aura acquis au cours de sa vie et ne cessera donc jamais de pouvoir être artiste, de pouvoir s’engager dans une esthétique, une cause, un message.

Vanessa Massera
@svane_
#EE2010

1REY, ALAIN et al. LE GRAND ROBERT DE LA LANGUE FRANÇAISE / deuxième édition du DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE de ROBERT, Paul. Paris, Dictionnaires Le Robert, 2001, six tomes.

L’ivresse du raffinement

by gaube

J’pas mal lendemain de veille. Selon le Tao Te King, ça l’air que plus on a d’ambitions, plus on échoue. Laissez-moi vous confier que j’ai complètement échoué à mon ambition de ne pas trop boire et rentrer tôt.

C’pas trop de ça que je voulais vous parler, en fait. C’est juste qu’un blog c’est un endroit où on étale notre vie privée et on a même la prétention et l’arrogance de croire que c’est intéressant. Les blogues de la SMCQ ou sur Gilles Tremblay échouent à étaler la vie privée de leurs auteurs, c’est pas ça le web 2.0! Mais ce blogue-ci sera parfait.

Apprendre à aimer la musique contemporaine, c’est un peu comme apprendre à aimer le scotch. Tu commences pas ça de même, paf, passer du petit lait au scotch. Il y a bien des étapes. Souvent on commence à la bière. Puis au vin. Pis au whisky irlandais. Pis là, si on apprécie toute ça, on peut commencer à apprécier le scotch.

Le scotch, c’est un goût complexe. Une fois, j’ai goûté une bière tellement fermentée et tellement aigre! C’en était incroyable. Le goût était extrêmement complexe, on pouvait y goûter tout ce qu’on voulait : des framboises, du chocolat, des agrumes… Mais si je n’avais jamais pris le temps d’apprécier les autres alcools, j’aurais considéré cette bière comme infecte! Un de mes amis l’a d’ailleurs recrachée dans le lavabo.

On ne se mentira pas : la musique contemporaine c’est souvent complexe et hermétique. Mais pas plus que le scotch ou cette bière exquise (dont je ne me souviens plus du nom). Mais qu’est-ce que ça me donne d’apprécier cette bière qui se rapproche du goût d’un liquide rancit? Tout simplement d’aimer une chose de plus, d’apprécier la vie d’une façon encore plus globale qu’avant…

J’avais une discussion avec mon ami Colin cet après-midi. On parlait de lecture. Il disait : «la lecture, c’est un plaisir silencieux.» C’est vrai. La lecture, ce n’est pas comme prendre de l’extasy. C’est un plaisir qui fermente!

Chez moi, le grand raffinement côtoie inévitablement la grande débauche. Heureusement que je ne suis que modérément raffiné!