Généralement, une situation problématique où l’on croit ne pas voir de solution possible, c’est une situation de peur. La peur est la première émotion qui aveugle et qui cause la stagnation, si ce n’est pas simplement la régression.
Mais la peur n’arrive pas de nulle part — elle est fondée, aussi absurdement puisse-t-elle l’être. L’espèce de tournant dans lequel les dernières années, chargées en innovations dans les communications, nous auront engagés indique une force grandissante d’échanges et d’ouverture d’esprit.
Il y a quelques années à peine, la mondialisation était l’un des sujets les plus controversés: où seraient les intérêts, l’identité nationale s’envolera-t-elle, se fera-t-on envahir démesurément, … ? (et ainsi de suite.) Historiquement, on peut effectivement observer un retrait de certaines cultures mineures, comme lors des grandes conquêtes européennes, où l’Occident a très radicalement éradiqué une bonne part des indigènes d’Amérique, pour n’employer qu’un exemple.
Or, cet exemple, qui dénote d’un ravage extraordinaire d’un point de vue humanitaire, n’est pas le modèle à perpétuer lorsqu’on veut étendre ses réseaux et s’enrichir. Ici encore, on a affaire à la peur. Si le choix qu’on fait, dans ces conditions-là, a été d’effacer ceux «qui se trouvaient sur notre chemin», c’est peut-être parce qu’on refusait de voir ce qu’ils pouvaient nous apporter, au lieu de craindre leur «nuisance».
À l’ère de la plus qu’exponentielle montée au pouvoir des médias sociaux, le redoutable Wikileaks fait parler, et le buzz est, disons, un peu plus que viral. C’est une réelle crainte internationale, un sujet de controverse sans précédent, et à peu près tous les autres attributs déjà mentionnés dans tout quotidien qui se respecte faisant mention de l’organisation mystère.
Wikileaks est l’enfant des médias numérique, et «la vérité sort de la bouche des enfants». Par sa jeunesse, ce puissant puits à informations journalistiques de premier niveau peut se qualifier de «pur», d’où mon rapprochement à l’enfance. Ironiquement, rien n’est encore casé quant à l’image de cette organisation, encore moins celle de son porte-parole aux prises avec des démêlés judiciaires qui, personnellement, me laissent plutôt perplexe.
Selon moi, c’est quand même assez remarquable que la superpuissance la plus cliché du monde (États-Unis), la plus sûre et fière d’elle-même, se sente aussi terrassée par la venue de Wikileaks. Je ne sais pas ce que font leurs stratèges, mais ils auraient dû l’avoir vu venir.
Intimité du gouvernement, intimité de l’individu
Aussi niaiseux que ça puisse paraître, la peur «de ne pas avoir d’intimité», dans une grande majorité des cas, est motivée par la peur de se faire juger. Au fond, craindre de se faire juger n’est pas si niaiseux que ça. Pourquoi? L’Histoire est une mine d’or d’exemples, plus absurdes et horribles les uns que les autres. Ne serait-ce que l’Inquisition, ou, plus récemment, le rêve hitlérien d’une société «pure». En plus de bien d’autres cas plus obscurs où, du simple caprice de l’un, l’autre serait outrageusement désavantagé, si ce n’est pas tué.
Sauf que l’affaire, c’est: pourquoi toutes ces horreurs? L’Inquisition, la persécution des Noirs d’Amérique, l’irrespect total des populations indigènes, et tout le reste? On pourrait répondre, sans trop se tromper, que ces «histhorreurs» ont été motivées par des «power trips». D’accord, mais pourquoi? À mon humble avis, ne pas vouloir céder sa place, la tenir aussi fermement, c’est être fermé à d’autres éventualités — avoir peur de la déception de n’être pas le centre du monde. L’avènement de l’héliocentrisme, ce n’est pas seulement une sérieuse leçon d’humilité, mais encore, une occasion d’avoir une vision infiniment plus étendue sur ce que l’on est et les possibilités qui nous sont offertes. Même un atome constitue un éléphant.
Donc, pour ce qui est de la peur de se faire juger, j’ai bien l’impression que les mœurs seront profondément requestionnées, que certaines étiquettes ne seront plus acceptables et que la vie n’aura pas le choix de devenir plus humaine. Des tas de «dangers» nous attendent lorsqu’on poste sur Facebook quelque chose de plus ou moins privé, ne serait-ce que par «manque aux conventions», ou de «conflit d’intérêt» avec la philosophie du dirigeant de l’entreprise.
C’est comme l’histoire des journalistes et la controverse Twitter (c’est pas parce qu’on se fait connaître en public qu’on n’a que cette dimension-là, uniquement).
C’est pas parce qu’un prof est prof qu’il n’a pas de salut hors de l’école, que sa vie privée ne peut pas être différente de celle du travail. D’ailleurs, la notion de «travail» est plutôt portée à se ranger du côté de ce que l’on reconnaît comme «culture», par opposition à «nature». C’est une invention, cette affaire-là. Évidemment, on a toujours besoin de travailler. Mais devoir garder une image, travailler pour l’argent, ça, c’est très superficiel et assez loin des vrais besoins humains.
Pourquoi les médias sociaux, le web 2.0 et tout ce qui vient avec prennent-ils autant de vigueur ? Simple! Pour la même raison qui a poussé la France à raccourcir son souverain en 1793! Y’en a marre de pas se faire entendre!
Qu’est-ce qui garde Facebook en santé? Le caractère pervers, sans doute, de l’humain, mais ce caractère pervers n’est-il pas motivé par un désir d’attention, d’échange et d’amour? Simple, non?
Couch Surfing, ça marche, et ça marche parce que ça réussit remarquablement à instaurer une confiance, basée sur une incroyable ouverture d’esprit qui, croyez-moi, enrichit à souhait.
Il faut juste arrêter d’avoir peur. Mais avant de comprendre, il faut faire des erreurs. On en est un peu là.
«Celui qui ne fait jamais d’erreurs devient vieil idiot.» – Týr, dieu-stratège nordique.