L'antiproton attendrissant

L'analyse se dévêtirait:

Catégorie: la chronique du dimanche de Gaube

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by gaube

Le conflit

Je ne sais plus quoi écrire. Peut-être que c’est parce que je n’ai pas de conflit. Avec quelqu’un, avec moi-même, avec une situation. Le temps est plat et long et prévisible. Tout m’emmerde. L’art, moi, toi.

Le temps est lourd, comme quelque chose de lourd. Il est presque aussi laid que le son de mon frigidaire.

On ne donne presque jamais de qualité au temps qui passe. Quand on parle de «beau temps», on parle de température, et pas du vrai temps.

Écouter de la musique, c’est écouter le temps qui passe.

Si Wagner changeait tellement souvent d’accord pour que l’on ne sache plus où on se trouve dans l’harmonie, pourquoi n’a-t-il pas changé tellement souvent la temporalité pour ne plus que l’on sache quand on se trouve?

Sans doute parce que c’était un con. C’est pas grave, on l’est tous.

Poème lettriste algorithmique sur la lettre j

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Fièvre

J’ai passé une très mauvaise semaine. J’ai été malade, fiévreux. Mes nuits étaient longues et parsemées de froid, de chaud, de morve.

J’ai écouté un disque de Feldman dans mon iPod (Rothko Chapel). Et je me suis endormi, en laissant le disque jouer. Lorsque je me suis réveillé, je me suis rendu compte que le disque avait joué 3 fois pendant mon sommeil!

Plus tard, dans la nuit, mon corps était devenu la Rothko Chapel. Je ne pourrais pas décrire précisément ces impressions, car elles relèvent d’un état semi-conscient. Tout ce que je peux affirmer, c’est que ma vessie était un des accords de chorale. Elle vibrait doucement pianississimo, une fois de temps en temps.

«Mais pourquoi est-ce que cet accord est aussi fort et dure aussi longtemps? me dis-je à un certain point de la nuit. Ce n’est pas très Feldmanien!»

C’est que j’avais envie de pisser.

Après avoir répondu à l’appel de la nature (et de la réalité), ma vessie s’est transformée en bloc chinois pour le reste de la nuit.

Temps logarithmique

La tendance explosive de nos sociétés semble ainsi conduire à ne plus distinguer le temps de ce que nous produisons en lui. Si cinq cent milliers d’années ont séparé l’invention du feu de celle de l’arme à feu, six cents ans ont suffi pour passer de l’arme à feu au feu nucléaire.

–       Étienne Klein, Les tactiques de Chronos.

Cinq articles à lire dans le désordre (si ça vous tente)

by gaube

Mozart et John Cage

« Ben oui, c’est ça, Gaube, t’as compris Mozart. »

C’est mes amis qui se foutent de ma geule parce que tout ce qu’ils ont entendu de la conversation que j’avais avec une autre amie, c’est « … et c’est exactement ÇA, Mozart. » C’était dans un bar, et un bribe de la conversation a submergé du silence entre deux tounes. C’est qu’on parle fort, dans un bar, alors lorsqu’il y a ces 3 ou 4 secondes de silence, le bribe de notre conversation est très apparent ; surtout si, par hasard, toutes les autres conversations des gens autour se retrouvent aussi dans le silence, dans ces 3 ou 4 secondes qui mettent le point final à un sujet de discussion.

Tout ce qui nous arrive est le fruit du hasard. Mais des fois, il est plus intéressant que d’autres.

L’ingratitude de la démarche artistique exprimée à travers une comparaison sexuelle

La démarche artistique est pareille à une relation sexuelle, mais à l’envers. C’est à dire que le plaisir est au début, et pas à la fin. C’est une courbe descendante exponentielle (vous savez à quel point j’aime les courbes exponentielles?).

Je compare le plaisir strictement physique des relations sexuelles (dans le sens où il y a plusieurs plaisirs dans une relation sexuelle autres que physiques. Mais ce n’est pas de ceux-là qu’on parle, ici.) au plaisir spirituel de la démarche artistique.

Je marche. Je vais au conservatoire. Je suis dans ma bulle. Et soudain! PAF! Une idée. Je fais le parallèle avec toutes ces autres idées sur lesquelles je travaille depuis deux semaines. Tout déboule en 2 minutes. Quels instruments, quels musiciens, quelle durée (environ), quel ambiance, quels matériaux de base, quel contexte, etc. C’est merveilleux, mon cœur bat fort, je suis excité, je danse et je chante des passages de cette nouvelle toune qui vient de naître. (c’est l’orgasme)

En fait, non, elle n’est pas du tout née. C’est seulement une abstraction pure. Ça va me prendre 3 mois de travail avant de mettre au monde cette idée.

Écrire des notes. Approfondir le concept. Apprendre à écrire pour l’instrument. Finalement, ce trille-là n’existe pas. Changer le concept pour que le trille n’en fasse plus partie. Changer le concept pour que plein d’affaires qui sonnaient mieux dans ma tête et qui sonnent mal dans la réalité n’en fassent plus partie.

Ça permet quand même à la pièce d’être plus solide, et le concept est toujours là. Mais ça a demandé beaucoup de travail. Et il en reste plein. Saleté de réalité.

Et la vraie de vraie de vraie réalité, la cerise sur le gâteau (à l’envers) de la courbe descendante, le point 0. LA MAUDITE MISE EN PAGE SUR CE MAUVAIS LOGICIEL QU’EST FINALE. JE TE DÉTESTE, FINALE, JE TE DÉTESTE!!!

Bon. Il y a le moment où ma pièce est jouée, qui est quand même un bon moment. Mais vous savez à quel point je suis « artistique. » Pour être in, je dis que mes vieilles tounes sont mauvaises et que je suis rendu « tellement ailleurs. » Le pire, c’est que je le pense.

C’est un travail ingrat.

Et le pire, c’est que je suis extrêmement chanceux de pouvoir le faire. Je suis moi-même ingrat de le trouver ingrat.

C’est une courbe exponentielle d’ingratitude.

L’anarchie et l’excès

C’est pas grave, les excès. Ça devient grave quand ça nous enlève des vies humaines, mais sinon ça ne nous enlève rien. En fait, ça nous apporte de grandes choses.

En art, les grandes innovations artistiques du XXe siècle se sont faites par l’excès. Les 4 minutes 33 de John Cage, le carré blanc sur fond blanc de Malévich, Empire d’Andy Warhol sont trois exemples parmi tant d’autres d’œuvres manifestes qui ont changé le cours de l’histoire de l’art ; non pas parce qu’elles sont d’un intérêt contemplatif et esthétique extraordinaire, mais par leur côté innovateur, conceptuel, choquant, etc.

De ces excès, les artistes ont appris de grandes leçons sur leur discipline artistique. Le silence est maintenant un grand élément de langage en musique contemporaine, la construction l’est en art visuel, et le statisme l’est au cinéma.

Il n’y a que l’anarchie qui nous permette les excès, et en art, c’est souhaitable!

Ceux qui écoutent les enfants ont du temps à perdre / Einstein avait du temps à perdre

Ça fait 3 ans que j’ai eu cette conversation. (avez-vous remarqué que mon blog sert surtout à avoir le dernier mot dans des conversations ultérieures? Peut-être que j’ai du mal à ne pas avoir le dernier mot.)

Elle disait que l’art minimaliste (comme les toiles monochromes) étaient tout à fait de l’art parce que les enfants aimaient beaucoup ces toiles dans les musées. « Les enfants comprennent les toiles monochromes. »

Ouin, pis?

Moi, j’aime mieux les trois V.

Vanessa

Vanessa et moi, on a décidé qu’on allait se chicaner publiquement plus souvent. Parce qu’on a reçu les statistiques de l’année pour notre blog, et que l’article le plus lu est Réponse à la pédanterie baudelairienne de Gaube. Pis parce qu’on aime ça, se chicaner. Alors checkez-nous ben aller!

L’art n’est pas un film de cul

by gaube

L’art n’est pas un film de cul

L’art n’est pas un film de cul.

Un bon film de cul dépend de s’il t’excite ou pas.

L’art ne veut pas faire passer ta vie de merde plus vite. L’art exprime quelque chose. Ou n’exprime rien, ce qui exprime quelque chose de toute façon.

La plupart des gens n’écoutent pas. Que ça soit la musique, ou leur mère, ou cette publicité qui nous encourage à boire Coca-Cola. Et puis les gens sont heureux comme ils sont. Ils se contentent de ce qu’ils ont, ils sont sages.

L’art ne se contente pas. L’art te le montre en pleine face, quand tu es un idiot insensible.

Mais si l’art te choque, t’es pas si con. S’il te laisse indifférent, c’est terrible!

 

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« Si je compose de la musique contemporaine, ce n’est pas pour plaire à tout le monde.

– C’est bien ce que tu dis, parce que parfois les artistes proclament que tout le monde peuvent aimer l’art contemporain.

– Mais tout le monde peut aimer l’art contemporain, c’est juste qu’ils ne veulent pas.»

Mais Florence n’est pas d’accord.

Quand je dis que mes pièces ne sont pas accessibles à tout le monde, c’est d’un point de vue sociologique (Florence a va être contente, a l’aime ça la sociologie, Florence), et pas ce que dégage intrinsèquement la pièce.

Quand je dis que mes pièces ne sont pas accessibles à tout le monde, c’est qu’on vit dans une société où la plupart des individus n’ont jamais écouté attentivement le premier mouvement de la 5e symphonie de Beethoven. Et la symphonie au complet, on n’en parle même pas. Comme j’écris de la musique qui découle de la tradition classique et contemporaine, ben peut-être que c’est déstabilisant pour quelqu’un qui n’en a jamais écouté.

Mais la 5e symphonie de Beethoven, elle est sur youtube. Rien n’empêche quelqu’un à s’y intéresser (sauf la société?).

Facebook

Cette image me choque énormément. Je ne sais pas pourquoi.

Chronique dominicale reprise par la fille

by Vanessa Massera

À plus d’un mois du dernier billet, je tiens à dire qu’on est quand même encore dimanche. Mais c’est que je viens de faire la connaissance du blogue de Jacques Tremblay, que je conçois être très prometteur! Ses photos ont d’ailleurs un caractère envoûtant.
Parlant d’envoûtant, je ne peux pas taire la formidable impression positive que Pierre Lapointe, Molinari et mes collègues les étudiants du CMM m’ont laissée hier soir au concert «Rencontres inédites », événement tout aussi déstabilisant que profondément charmant!!!!
J’en écrirai plus long quand le temps se fera plus souple.
En attendant, voici l’affiche du concert Électrochocs 3, à venir, le 8 décembre 20h au conservatoire avec nul autre que Jaques Tremblay lui-même!!

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by gaube

Je suis à nu avec vous. Vous connaissez mes défauts. Je ne me sens, par conséquent, plus vraiment obligé de me justifier par rapport à mon retard dans ma chronique du dimanche. Puis vous savez à quel point j’affectionne la contradiction. Je ne suis même pas conséquent par rapport à cette affection. Je ne pense rien, et tout (et ça gosse tellement Vanessa). Mais peu importe, j’ai décidé que dorénavant, la chronique du dimanche allait être n’importe quand (pour aujourd’hui, c’est maintenant), mais qu’elle allait continuer de s’appeler la chronique du dimanche.

Hermétisme II

J’ai eu une discussion avec un flûtiste à la bibliothèque, l’autre jour. Il disait que la musique contemporaine, au début, c’était difficile à comprendre. Je n’aime pas le mot comprendre, et je rejetais complètement la notion de compréhension (au sens intellectuel) de la musique jusqu’à cette discussion.

Selon moi, aimer la musique contemporaine, c’est comme aimer le scotch. Ce n’est pas intellectuel, mais sensoriel, et l’appréciation de cette musique se fait par l’aiguisement d’une sensibilité, et non d’une étude.

Pour aimer le scotch, on peut connaître la théorie… le fût de chêne, le malt, l’Écosse… mais ça ne nous permettra pas d’aimer le scotch.

Aimer le scotch, c’est le « comprendre ». Pour «apprendre» à aimer le scotch, il faut tout simplement en boire, histoire de raffiner son expérience.

Quand on boit du scotch, c’est l’intégrale de notre expérience gustative qui passe sur notre langue. «Des mûres, des clous de girofle, un peu de boisé, un soupçon de vanille…» Et plus on apprécie de mets culinaires, plus on aime le scotch.

Et plus on aime le scotch, plus on aime tout, et qu’on aime goûter à tout, et qu’on crée des liens entre tout et tout : on devient ami avec notre langue.

Dans les quatuors à cordes de Lachenmann, on peut y entendre des flûtes, des clarinettes, la mer, une radio qui griche… s’en dégage une sorte d’émotion indescriptible propre à l’art profond.

Néanmoins, il existe certaines musiques qui demandent plus de connaissances théoriques pour les apprécier. Le flûtiste m’aura convaincu en me parlant d’une fugue de Bach, ou d’un solo de jazz. Réflexion à poursuivre…

Claude Gingras

J’ai une ex qui, comme Claude Gingras, était constamment déçue de moi car je ne répondais pas à ses attentes (essayez pas, c’était pas sur le plan sexuel – ah que vous avez l’esprit mal tourné!). Je n’étais pas ci, je n’étais pas ça, et même si j’étais quelque chose de pas si pire, je n’étais pas ce qu’elle s’était imaginé de moi : j’étais donc un enfoiré.

Claude Gingras a détesté le dernier concert d’Halloween de la SMCQ parce qu’il n’avait «rien à voir avec l’halloween.» Oui, et alors? C’était autre chose que des citrouilles, des sorcières et des zombies. Et puis? Est-ce que c’était bon ou mauvais?

Ah, les critiques et les femmes!

Mot de la fin

Lachenmann! Il gagne le prestigissime « prix » de mon compositeur préféré de la semaine. Vous le trouvez difficile à cerner? Moins que les critiques et les femmes! (bon ok, ça devient obsédant ma comparaison – une chance que la chronique se termine!)


Tsé. Vous êtes pas obligés de l’écouter au complet pour « comprendre ». Des fois, on finit pas notre assiette pis c’est correct aussi.

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by gaube

La chronique du dimanche d’aujourd’hui (qui n’est pas dimanche) porte 5 sous-titres, soit le nombre de chefs d’accusation auxquels Omar Khadr a plaidé coupable.

Pierre Lapointe

Si j’aurai pris tant de retard à ma célébrissime chronique, c’est, entre autre, parce qu’il fallait que je termine mes arrangements pour Pierre Lapointe et le quatuor Molinari.

J’ai entendu celui de Michel Gonneville (un professeur de composition au conservatoire). Harpe. Septolets, quintolets. Harmonie flyée. Super beau.

« Tu ne penses pas que Pierre va avoir de la difficulté à chanter ça?

– Y’a juste à pratiquer.»

(en fait, sa réponse était beaucoup plus nuancée que ça, mais moins drôle)

Je me suis dis que l’une des concrétisations de la maturité en composition, c’est d’oser.

Jujubes + bière

« Ouche, ça scrap tellement le goût de la bière!

– Mais ça rehausse tellement celui des jujubes! »

Hermétisme

« Est-ce que t’es au moins conscient que c’est un niveau d’hermétisme très élevé, ce genre de musique-là où on crie et qu’on tape sur le violoncelle?

– Non, il ne s’en rend pas compte » , répondit Florence à ma place.

Un cri dans une toune. En quoi c’est hermétique?

C’est le même cri que l’on retrouve dans une pièce de théâtre ou dans un film. Le contexte qui est différent, mais c’est le même cri.

L’hermétisme, c’est quelque chose de difficile à comprendre. Or, un cri est beaucoup moins hermétique qu’un do. De toute façon, la musique, c’est toujours hermétique.

Je songeais à la musique pop en prenant ma douche, il y a quelques jours. La musique pop, c’est une convention. Un accord de do dans une toune des Beatles, c’est le même accord de do que dans une symphonie de Mozart. Mais Mozart ne passe pas à CKOI.

Couplet, refrain, bridge ; sujet de paroles récurrentes ; progression d’accords semblables ; bon beat de drum qui groove.  Ça nous permet de mieux appréhender ce chaos dans lequel on palpe le beau, parce qu’on ne se retrouve devant un chaos pas entièrement différent de qu’est-ce qu’on a connu avant.

La musique contemporaine, c’est certain que c’est déroutant, qu’on a très peu de points de repère si on en entend pour la première fois. Mais hermétique, pas toujours.

Guantanamo beach

(mille excuses à Alexis Raynault)

 

À la recherche du temps perdu

C’est un peu paradoxal qu’un livre qui prend autant de temps à lire s’appelle « à la recherche du temps perdu. » Enfin. Voici un passage qui m’a émouvé :

Mais aucun n’aurait été jusqu’à dire : « C’est un grand écrivain, il a un grand talent. » Ils ne disaient même pas qu’il avait du talent. Ils ne le disaient pas parce qu’ils ne le savaient pas. Nous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d’un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de « grand talent » dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle, nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force ; et puis un jour nous nous rendons compte que c’est justement tout cela le talent.

Combray, page 206

Les orphelins

by gaube

La chronique de Gaube est en retard de trois jours cette semaine. C’est qu’il n’avait pas internet, ce qui fût un excellent alibi pour prendre du retard dans l’écriture.

Nous sommes les orphelins de notre enfant ; et notre enfant, c’est ce blog.

On n’en parle pas, de musique! Moi et Vanessa déplorions ce fait. À ce moment-là, nous n’avons trouvé aucune solution. On chialait pour chialer, et on n’essayait même pas de trouver de solution.

Non, c’était plutôt moi qui faisait ça. J’ai tendance à faire ça.

L’Office national du film du Canada et autre art Québécois/Canadien.

Mozart, c’est devenu Mozart, c’était pas Mozart.

Dans le temps de Mozart, les Autrichiens en avaient rien à foutre de Mozart, autant que vous, vous avez rien à foutre de mes tounes. Mais maintenant, tous les Autrichiens sont très fiers de Mozart. Y’a de quoi, quand même.

Mais si les autrichiens n’en parlaient pas, personne ne saurait que Mozart existe. C’est pas les français qui vont parler de lui. Eux, vont parler de Debussy pour s’enorgueillir avec leurs propres artistes. Et que dire de l’Allemagne… Alors si nous, on ne fait pas nos frais chiés avec Claude Vivier, qui le fera?

Y’a l’ONF dont on pourrait s’enorgueillir aussi. Des pionniers en art cinématographique. Norman McLarren, Claude Jutra… C’est un génocide culturel que de couper des subvention à l’ONF.

Ça c’est une bonne raison à donner à la question «Pourquoi devrions-nous subventionner l’art contemporain?» Pour l’orgueil, madame, pour l’orgueil.

À la recherche du temps perdu

Ça y est. J’ai lu les premières pages d’À la recherche du temps perdu de Marcel Proust cette semaine. Je vous tiendrai au courant.

Photo d’un chinois assassiné par la police en mars 2008.

Arbre de la connaissance

Si personne ne connaît la musique contemporaine, c’est peut-être un restant de notre bonne foi judéo-chrétienne qui considère la connaissance comme quelque chose de mal.

«Oui, mais ça nous aura donné la douleur, répondit Guillaume.

– Mais le sexe!, répondis-je.

– Mais la douleur…

– Mais le sexe !»

En fait, j’aurais dû répondre : «Mais Claude Vivier !».

Deux déductions

J’ai déduis deux choses cette semaine.

1)   Le mot «exhaustif» me fait peur par son caractère absolu. C’est un mot idéologique, assez extrême.

2)   Il ne peut RIEN y avoir de vertueux dans la publicité. La publicité ne sert qu’à faire de la manipulation de masse et du fric. Les annonces de «la vraie beauté» de Dove me dégoutent par leur hypocrisie.

Le piano de Xenakis

Le piano est l’instrument solo qui réussit le mieux à rendre la pensée de Xenakis en sons. Sinon, c’est l’orchestre.

Mais je parle de Xenakis comme si tout le monde savait c’est qui…

Xenakis était un compositeur de musique contemporaine, mais il était aussi grec en même temps. Il aimait beaucoup les mathématiques. Dans sa vie (en fait il est mort), il aura eu le mérite d’avoir été mon compositeur préféré de la semaine passée. C’est normal, le NEM a joué est excellent concert hommage à lui.

Dommage qu’il n’y avait pas de piano. Le piano permet une écriture de masses harmoniques très percussives. Il ne permet pas, par contre, les glissandi de cordes, aussi très chères au compositeur.

Il faut absolument que vous écoutiez Erikhton. C’est magnifique. L’octave au début. Et ensuite, ça explose, et on est entrainés dans un raz-de-marée de notes. Il faut avoir une bonne sympathie envers les raz-de-marée de notes pour aimer Xenakis.

J’espère que vous détesterez. Moi, je m’ennuie de l’époque où une œuvre me choquait. Y’a fallu que je me tourne vers les trois V pour être choqué. Ça a fonctionné.

Blague de Claude Gingras

Combien de Claude Gingras ça prend pour changer une ampoule?

Deux, un qui change l’ampoule, et l’autre qui ne parle pas de musique dans ses chroniques.

Remarquez bien que jusqu’à maintenant, moi et Claude étions pas mal semblables sur ce dernier point.

Résumé de ma semaine

by gaube

Je me suis souvenu qu’il fût une époque où je considérais que le shtroumpf à lunette était un modèle à suivre.

Plus jamais «les trois V» : vagin, vidéo, verres de terres.

Le quatuor à cordes de John Cage.

Vous savez, le genre de semaine où on se déguise en princesse. Peu importe.

C’est tout, merci.

Monument fucked up

by gaube

Demander aux artistes qu’est-ce qu’on devrait faire comme développement durable culturel pour le 21e siècle. C’est simple. Donnez-nous du fric. Beaucoup de fric. Beaucoup de fric, et carte blanche, aussi.

Le gouvernement ne doit pas imposer une esthétique. Peut-être que certaines personnes abuseront, feront des choses très laides et très connes, mais c’est pas grave. Je demande l’anarchie esthétique, rien de moins, et je veux être payé pour.

Et soyez un peu gambler. Let’s go, on fait un monument fucked up! Donnez un terrain vague et un gros budget à un architecte un peu fou. On manque d’architecture, au Québec. Et on manque de fucked upness. Le stade olympique… il est pas si laid. C’est juste que si on voulait en faire un symbole, c’est raté. Bien trop commun. Des choses communes, il y en a partout sur Terre. Allez. On fait quelque chose de tellement fucked up que les gens de partout sur Terre se déplaceront pour le voir. Une affaire folle.

Tout le monde va dire : «ça va être un désastre, ça va être un désastre!» On va envoyer des emails à Pierre Foglia. Pis on pourra rien faire, parce que le contrat va être signé, et dans la constitution, on aura décrété l’anarchie esthétique. Alors on va regarder le désastre se produire.

Le monument fucked up, le monument fucked up! Des émeutes, pis toute.

Chui tanné que les gens soient indifférents. J’veux qu’ils soient choqués, qu’ils huent, qu’ils fassent des manifestations anti-art-dégénéré. Le gouvernement nous donne tellement pu de fric que ça choque pu.

Pis on s’en crisse, du «durable» dans la culture. La seule chose importante, c’est l’anarchie esthétique, et de ce géant chaos, on palpera parfois le beau.

Le beau, il est toujours là, peu importe le budget. Mais le beau avec du gros budget, c’est le fun. C’est un sophisme esthétique que je sais apprécier.

Faudrait parler un peu plus d’art dans les médias. Autant que le sport. «Tel artiste visuel nous a encore fait le coup d’une toile avec du caca dessus.» Ou une critique sur les seins des concerts de danse contemporaine.

Ah. Pis non, finalement. Le sensationnalisme, c’est un peu trop sophistique pour mon esprit si raffiné. Les totons des danseuses contemporaines, c’est de façon intellectuelle que je me branle dessus.

La durabilité en culture, ça sert peut-être à ce que plus de gens pratiquent la masturbation mentale.

La durabilité, ça ne serait pas aussi un sophisme?

Faudrait définir «durable». Et «beau». Et «art». Et plein d’autres affaires de fonctionnaires.

Mais à la place on devrait faire un gros monument fucked up.

C’est dimanche

by gaube

C’est dimanche, et je m’étais promis de m’engeuler avec Vanessa, histoire de mousser les visites du blog. Je n’ai aucune idée sur quoi, par contre. Pis je l’aime Vanessa. Je ne suis pas qu’un pédent baudelairien gaubesque, je suis un pédent baudelairien gaubesque avec des sentiments.

Une fois j’ai eu le fantasme de mettre des speakers dans des cadavres d’animaux morts pour utiliser leur gorge comme résonateur. Mais bon. J’ai déjà théorisé sur la beauté absolue, et le fait que l’on perçoit le beau à travers notre existence d’humain.

Savez-vous ce qui manque en électro? Des points d’orgues pas fixes. L’électro de concert manque de points d’orgue. De vrais. Pas ceux sur version fixe. Ceux qui changent de durée selon des millions de paramètres et de contextes, et qui ne peuvent se concrétiser que par l’intuition, en concert. Le point d’orgue, c’est l’intuition.

Pensez-vous que je suis devenu accro aux tylénol? J’ai commencé ça cette semaine. J’avais un rhume et mes sinus bouchés me donnaient mal à la tête. Maintenant que j’ai passé 3 jours bien high aux tylénols, je ressens nettement des down, j’ai mal à la tête qu’en j’en ai pas. Il faut dire que mes sinus sont quand même encore un peu bouchés.

J’ai craché mon premier moton vert ce matin. J’ai dis à ma coloc : «Marie-Mich, Marie-Mich! J’ai craché un moton vert!

– Yark, c’est dégeulasse, » répondit-elle.

Ça veut dire que je guéris.

Maintenant que vous êtes dégoutés et que votre esprit est ailleurs, imaginez un point d’orgue. Arrêtez de lire le temps que vous voulez. Maintenant.

Avouez que ça n’a pas dû durer longtemps, sauf si vous êtes très motivé. Si je vous avais écrit un poème très profond, vous auriez sans doute point d’orgué plus longtemps. C’est fascinant, les points d’orgue. Pis ça serait pas compliqué d’en faire, en électro. Suffirait juste de peser sur pause pis sur play une fois de temps en temps (ou autres manœuvres plus fancy de programmation).

C’est vraiment un exutoire, ce texte. Au sens littéral, je veux dire. Ça fait trois motons verts que je crache depuis que j’ai commencé, je vois pas pourquoi j’arrêterais.

J’ai une bonne anecdote à vous raconter. Ça parle de spirale pis de violoncelle. Je lisais une note de programme, dans un concert électro. Ah pis non. Ça me tente pas de vous l’écrire.

Y’a des médiums, comme ça, qui ne sont pas propices à certaines émotions. Y’a deux types d’artistes. Ceux qui prennent les qualités intrinsèques du médium et qui les exploitent, et ceux qui font avancer le médium. Moi, dans le monde des blogues, j’utilise les qualités intrinsèques du médium : j’écris des choses insignifiantes.

Faut jamais que j’essaye la coke. J’ai des down de tylénol, ça va pas bien mon affaire. Je dois vous avouer que je fais des mélanges. Je mix mes tylénol avec du café, méchant bon buzz. On pourrait appeler ça un snowball* du dimanche matin.

Ah oui. J’ai une bonne idée d’engeulade avec Vanessa (fait longtemps j’y ai pas parlé, me demande si a’ va bien. Ça va? Ça bien été ta journée de cours hier? Le cours de trompette pis toute? Scuse moi, faut j’te laisse, j’t’en train d’écrire un article sur le blog.) : ses points de vue sont bien trop précis.

OH! 4e moton!

J’ai établis que la proportion ying yang, c’est 7:3. Y’a 30% de ying dans le yang pis 30% de yang dans le ying. Il y a une marge de 30% à cette proportion. Le pourcentage n’est donc pas fixe à 30%, mais varie de 25.5% à 34.5% (±15% de 30%).

À toutes les fois que j’émet un point de vue, faut le prendre avec un grain de sel. Pis ce grain de sel là équivaut à 25.5% à 34.5% de l’opinion émise.

Pire. Y’a ce que je dis, pis ce que je pense. Je prends position dans mes textes, ou quand je parle, mais mon cerveau, lui, ne prend pas position. Pis de toute façon, prendre position, c’est très cartésien comme façon de penser (je m’en suis même pas rendu compte, mais voilà un exemple concret de ce que je disais au début du paragraphe).

J’avais fait un calcul tordu à partir de mon histoire de 30% de 30% et de bilocalité de ma position par rapport à un sujet qui déterminait mon pourcentage de crédibilité quand j’émets un point de vue. Mais je m’en souviens pu trop. Mon niveau de crédibilité doit donc se rapprocher de 0%.

J’aime ça le dimanche matin. Je vous aime toute la gagne. Bonne journée.

Gaube

* Snowball : coke et héroïne.