L'antiproton attendrissant

L'analyse se dévêtirait:

En attendant.

by Vanessa Massera

Cinq articles à lire dans le désordre (si ça vous tente)

by gaube

Mozart et John Cage

« Ben oui, c’est ça, Gaube, t’as compris Mozart. »

C’est mes amis qui se foutent de ma geule parce que tout ce qu’ils ont entendu de la conversation que j’avais avec une autre amie, c’est « … et c’est exactement ÇA, Mozart. » C’était dans un bar, et un bribe de la conversation a submergé du silence entre deux tounes. C’est qu’on parle fort, dans un bar, alors lorsqu’il y a ces 3 ou 4 secondes de silence, le bribe de notre conversation est très apparent ; surtout si, par hasard, toutes les autres conversations des gens autour se retrouvent aussi dans le silence, dans ces 3 ou 4 secondes qui mettent le point final à un sujet de discussion.

Tout ce qui nous arrive est le fruit du hasard. Mais des fois, il est plus intéressant que d’autres.

L’ingratitude de la démarche artistique exprimée à travers une comparaison sexuelle

La démarche artistique est pareille à une relation sexuelle, mais à l’envers. C’est à dire que le plaisir est au début, et pas à la fin. C’est une courbe descendante exponentielle (vous savez à quel point j’aime les courbes exponentielles?).

Je compare le plaisir strictement physique des relations sexuelles (dans le sens où il y a plusieurs plaisirs dans une relation sexuelle autres que physiques. Mais ce n’est pas de ceux-là qu’on parle, ici.) au plaisir spirituel de la démarche artistique.

Je marche. Je vais au conservatoire. Je suis dans ma bulle. Et soudain! PAF! Une idée. Je fais le parallèle avec toutes ces autres idées sur lesquelles je travaille depuis deux semaines. Tout déboule en 2 minutes. Quels instruments, quels musiciens, quelle durée (environ), quel ambiance, quels matériaux de base, quel contexte, etc. C’est merveilleux, mon cœur bat fort, je suis excité, je danse et je chante des passages de cette nouvelle toune qui vient de naître. (c’est l’orgasme)

En fait, non, elle n’est pas du tout née. C’est seulement une abstraction pure. Ça va me prendre 3 mois de travail avant de mettre au monde cette idée.

Écrire des notes. Approfondir le concept. Apprendre à écrire pour l’instrument. Finalement, ce trille-là n’existe pas. Changer le concept pour que le trille n’en fasse plus partie. Changer le concept pour que plein d’affaires qui sonnaient mieux dans ma tête et qui sonnent mal dans la réalité n’en fassent plus partie.

Ça permet quand même à la pièce d’être plus solide, et le concept est toujours là. Mais ça a demandé beaucoup de travail. Et il en reste plein. Saleté de réalité.

Et la vraie de vraie de vraie réalité, la cerise sur le gâteau (à l’envers) de la courbe descendante, le point 0. LA MAUDITE MISE EN PAGE SUR CE MAUVAIS LOGICIEL QU’EST FINALE. JE TE DÉTESTE, FINALE, JE TE DÉTESTE!!!

Bon. Il y a le moment où ma pièce est jouée, qui est quand même un bon moment. Mais vous savez à quel point je suis « artistique. » Pour être in, je dis que mes vieilles tounes sont mauvaises et que je suis rendu « tellement ailleurs. » Le pire, c’est que je le pense.

C’est un travail ingrat.

Et le pire, c’est que je suis extrêmement chanceux de pouvoir le faire. Je suis moi-même ingrat de le trouver ingrat.

C’est une courbe exponentielle d’ingratitude.

L’anarchie et l’excès

C’est pas grave, les excès. Ça devient grave quand ça nous enlève des vies humaines, mais sinon ça ne nous enlève rien. En fait, ça nous apporte de grandes choses.

En art, les grandes innovations artistiques du XXe siècle se sont faites par l’excès. Les 4 minutes 33 de John Cage, le carré blanc sur fond blanc de Malévich, Empire d’Andy Warhol sont trois exemples parmi tant d’autres d’œuvres manifestes qui ont changé le cours de l’histoire de l’art ; non pas parce qu’elles sont d’un intérêt contemplatif et esthétique extraordinaire, mais par leur côté innovateur, conceptuel, choquant, etc.

De ces excès, les artistes ont appris de grandes leçons sur leur discipline artistique. Le silence est maintenant un grand élément de langage en musique contemporaine, la construction l’est en art visuel, et le statisme l’est au cinéma.

Il n’y a que l’anarchie qui nous permette les excès, et en art, c’est souhaitable!

Ceux qui écoutent les enfants ont du temps à perdre / Einstein avait du temps à perdre

Ça fait 3 ans que j’ai eu cette conversation. (avez-vous remarqué que mon blog sert surtout à avoir le dernier mot dans des conversations ultérieures? Peut-être que j’ai du mal à ne pas avoir le dernier mot.)

Elle disait que l’art minimaliste (comme les toiles monochromes) étaient tout à fait de l’art parce que les enfants aimaient beaucoup ces toiles dans les musées. « Les enfants comprennent les toiles monochromes. »

Ouin, pis?

Moi, j’aime mieux les trois V.

Vanessa

Vanessa et moi, on a décidé qu’on allait se chicaner publiquement plus souvent. Parce qu’on a reçu les statistiques de l’année pour notre blog, et que l’article le plus lu est Réponse à la pédanterie baudelairienne de Gaube. Pis parce qu’on aime ça, se chicaner. Alors checkez-nous ben aller!

MÉDIAS

by Vanessa Massera

Généralement, une situation problématique où l’on croit ne pas voir de solution possible, c’est une situation de peur. La peur est la première émotion qui aveugle et qui cause la stagnation, si ce n’est pas simplement la régression.

Mais la peur n’arrive pas de nulle part — elle est fondée, aussi absurdement puisse-t-elle l’être. L’espèce de tournant dans lequel les dernières années, chargées en innovations dans les communications, nous auront engagés indique une force grandissante d’échanges et d’ouverture d’esprit.

Il y a quelques années à peine, la mondialisation était l’un des sujets les plus controversés: où seraient les intérêts, l’identité nationale s’envolera-t-elle, se fera-t-on envahir démesurément, … ? (et ainsi de suite.) Historiquement, on peut effectivement observer un retrait de certaines cultures mineures, comme lors des grandes conquêtes européennes, où l’Occident a très radicalement éradiqué une bonne part des indigènes d’Amérique, pour n’employer qu’un exemple.

Or, cet exemple, qui dénote d’un ravage extraordinaire d’un point de vue humanitaire, n’est pas le modèle à perpétuer lorsqu’on veut étendre ses réseaux et s’enrichir. Ici encore, on a affaire à la peur. Si le choix qu’on fait, dans ces conditions-là, a été d’effacer ceux «qui se trouvaient sur notre chemin», c’est peut-être parce qu’on refusait de voir ce qu’ils pouvaient nous apporter, au lieu de craindre leur «nuisance».

À l’ère de la plus qu’exponentielle montée au pouvoir des médias sociaux, le redoutable Wikileaks fait parler, et le buzz est, disons, un peu plus que viral. C’est une réelle crainte internationale, un sujet de controverse sans précédent, et à peu près tous les autres attributs déjà mentionnés dans tout quotidien qui se respecte faisant mention de l’organisation mystère.

Wikileaks est l’enfant des médias numérique, et «la vérité sort de la bouche des enfants». Par sa jeunesse, ce puissant puits à informations journalistiques de premier niveau peut se qualifier de «pur», d’où mon rapprochement à l’enfance. Ironiquement, rien n’est encore casé quant à l’image de cette organisation, encore moins celle de son porte-parole aux prises avec des démêlés judiciaires qui, personnellement, me laissent plutôt perplexe.

Selon moi, c’est quand même assez remarquable que la superpuissance la plus cliché du monde (États-Unis), la plus sûre et fière d’elle-même, se sente aussi terrassée par la venue de Wikileaks. Je ne sais pas ce que font leurs stratèges, mais ils auraient dû l’avoir vu venir.

Intimité du gouvernement, intimité de l’individu

Aussi niaiseux que ça puisse paraître, la peur «de ne pas avoir d’intimité», dans une grande majorité des cas, est motivée par la peur de se faire juger. Au fond, craindre de se faire juger n’est pas si niaiseux que ça. Pourquoi? L’Histoire est une mine d’or d’exemples, plus absurdes et horribles les uns que les autres. Ne serait-ce que l’Inquisition, ou, plus récemment, le rêve hitlérien d’une société «pure». En plus de bien d’autres cas plus obscurs où, du simple caprice de l’un, l’autre serait outrageusement désavantagé, si ce n’est pas tué.

Sauf que l’affaire, c’est: pourquoi toutes ces horreurs? L’Inquisition, la persécution des Noirs d’Amérique, l’irrespect total des populations indigènes, et tout le reste? On pourrait répondre, sans trop se tromper, que ces «histhorreurs» ont été motivées par des «power trips». D’accord, mais pourquoi? À mon humble avis, ne pas vouloir céder sa place, la tenir aussi fermement, c’est être fermé à d’autres éventualités — avoir peur de la déception de n’être pas le centre du monde. L’avènement de l’héliocentrisme, ce n’est pas seulement une sérieuse leçon d’humilité, mais encore, une occasion d’avoir une vision infiniment plus étendue sur ce que l’on est et les possibilités qui nous sont offertes. Même un atome constitue un éléphant.

Donc, pour ce qui est de la peur de se faire juger, j’ai bien l’impression que les mœurs seront profondément requestionnées, que certaines étiquettes ne seront plus acceptables et que la vie n’aura pas le choix de devenir plus humaine. Des tas de «dangers» nous attendent lorsqu’on poste sur Facebook quelque chose de plus ou moins privé, ne serait-ce que par «manque aux conventions», ou de «conflit d’intérêt» avec la philosophie du dirigeant de l’entreprise.

C’est comme l’histoire des journalistes et la controverse Twitter (c’est pas parce qu’on se fait connaître en public qu’on n’a que cette dimension-là, uniquement).

C’est pas parce qu’un prof est prof qu’il n’a pas de salut hors de l’école, que sa vie privée ne peut pas être différente de celle du travail. D’ailleurs, la notion de «travail» est plutôt portée à se ranger du côté de ce que l’on reconnaît comme «culture», par opposition à «nature». C’est une invention, cette affaire-là. Évidemment, on a toujours besoin de travailler. Mais devoir garder une image, travailler pour l’argent, ça, c’est très superficiel et assez loin des vrais besoins humains.

Pourquoi les médias sociaux, le web 2.0 et tout ce qui vient avec prennent-ils autant de vigueur ? Simple! Pour la même raison qui a poussé la France à raccourcir son souverain en 1793! Y’en a marre de pas se faire entendre!

Qu’est-ce qui garde Facebook en santé? Le caractère pervers, sans doute, de l’humain, mais ce caractère pervers n’est-il pas motivé par un désir d’attention, d’échange et d’amour? Simple, non?

Couch Surfing, ça marche, et ça marche parce que ça réussit remarquablement à instaurer une confiance, basée sur une incroyable ouverture d’esprit qui, croyez-moi, enrichit à souhait.
Il faut juste arrêter d’avoir peur. Mais avant de comprendre, il faut faire des erreurs. On en est un peu là.

«Celui qui ne fait jamais d’erreurs devient vieil idiot.» – Týr, dieu-stratège nordique.

Pierre Lapointe et l’éblouissement « cettevilleetrange.org

by Vanessa Massera

Extrait d’un article que j’avais l’intention de poster ici, mais qui a fini sur Cette ville étrange, ce qui n’est pas si mal après out.

Pierre Lapointe et l’éblouissement

-Créations (postludes) | Vanessa Sorce-Lévesque , 17.12.10

Les concerts de Pierre Lapointe des 3 et 4 décembre derniers se seront traduits en d’éblouissantes merveilles, au bouquet surprenant avec une touche d’innovation absolument rafraîchissante.

C’est avec fébrilité que le public de la lumineuse salle de concert du Conservatoire de musique de Montréal buvait littéralement le moment musical, s’accrochant parfois aux paroles du notoire chansonnier, ou se laissant tout simplement soulever par l’exquise interprétation du Quatuor Molinari, comme par celle d’un ensemble baroque dont on souhaiterait plus de visibilité (!).

Deux genres, deux publics

Le monde de la musique, aussi petit puisse-t-il être, est à la fois extrêmement compétitif et tiré de tous côtés par diverses écoles, toutes férocement plus orgueilleuses les unes que les autres, oppida défendues avec les plus grandes rigueurs et les plus subtiles éloquences intellectuelles. Écoles, d’ailleurs, qui ont aussi, plus souvent qu’autrement, leur fidèle public, aux idéologies tout aussi précises. De façon générale, il n’y a qu’à penser aux différences de perceptions et de fonctions qu’ont les musiques punk et métal en opposition aux groupes be-bop et cool jazz, ou encore le chansonnier francophone par rapport aux chercheurs acoustiques de tout acabit. (…)

via Pierre Lapointe et l’éblouissement « cettevilleetrange.org.

L’art n’est pas un film de cul

by gaube

L’art n’est pas un film de cul

L’art n’est pas un film de cul.

Un bon film de cul dépend de s’il t’excite ou pas.

L’art ne veut pas faire passer ta vie de merde plus vite. L’art exprime quelque chose. Ou n’exprime rien, ce qui exprime quelque chose de toute façon.

La plupart des gens n’écoutent pas. Que ça soit la musique, ou leur mère, ou cette publicité qui nous encourage à boire Coca-Cola. Et puis les gens sont heureux comme ils sont. Ils se contentent de ce qu’ils ont, ils sont sages.

L’art ne se contente pas. L’art te le montre en pleine face, quand tu es un idiot insensible.

Mais si l’art te choque, t’es pas si con. S’il te laisse indifférent, c’est terrible!

 

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« Si je compose de la musique contemporaine, ce n’est pas pour plaire à tout le monde.

– C’est bien ce que tu dis, parce que parfois les artistes proclament que tout le monde peuvent aimer l’art contemporain.

– Mais tout le monde peut aimer l’art contemporain, c’est juste qu’ils ne veulent pas.»

Mais Florence n’est pas d’accord.

Quand je dis que mes pièces ne sont pas accessibles à tout le monde, c’est d’un point de vue sociologique (Florence a va être contente, a l’aime ça la sociologie, Florence), et pas ce que dégage intrinsèquement la pièce.

Quand je dis que mes pièces ne sont pas accessibles à tout le monde, c’est qu’on vit dans une société où la plupart des individus n’ont jamais écouté attentivement le premier mouvement de la 5e symphonie de Beethoven. Et la symphonie au complet, on n’en parle même pas. Comme j’écris de la musique qui découle de la tradition classique et contemporaine, ben peut-être que c’est déstabilisant pour quelqu’un qui n’en a jamais écouté.

Mais la 5e symphonie de Beethoven, elle est sur youtube. Rien n’empêche quelqu’un à s’y intéresser (sauf la société?).

Facebook

Cette image me choque énormément. Je ne sais pas pourquoi.

Chronique dominicale reprise par la fille

by Vanessa Massera

À plus d’un mois du dernier billet, je tiens à dire qu’on est quand même encore dimanche. Mais c’est que je viens de faire la connaissance du blogue de Jacques Tremblay, que je conçois être très prometteur! Ses photos ont d’ailleurs un caractère envoûtant.
Parlant d’envoûtant, je ne peux pas taire la formidable impression positive que Pierre Lapointe, Molinari et mes collègues les étudiants du CMM m’ont laissée hier soir au concert «Rencontres inédites », événement tout aussi déstabilisant que profondément charmant!!!!
J’en écrirai plus long quand le temps se fera plus souple.
En attendant, voici l’affiche du concert Électrochocs 3, à venir, le 8 décembre 20h au conservatoire avec nul autre que Jaques Tremblay lui-même!!

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by gaube

Je suis à nu avec vous. Vous connaissez mes défauts. Je ne me sens, par conséquent, plus vraiment obligé de me justifier par rapport à mon retard dans ma chronique du dimanche. Puis vous savez à quel point j’affectionne la contradiction. Je ne suis même pas conséquent par rapport à cette affection. Je ne pense rien, et tout (et ça gosse tellement Vanessa). Mais peu importe, j’ai décidé que dorénavant, la chronique du dimanche allait être n’importe quand (pour aujourd’hui, c’est maintenant), mais qu’elle allait continuer de s’appeler la chronique du dimanche.

Hermétisme II

J’ai eu une discussion avec un flûtiste à la bibliothèque, l’autre jour. Il disait que la musique contemporaine, au début, c’était difficile à comprendre. Je n’aime pas le mot comprendre, et je rejetais complètement la notion de compréhension (au sens intellectuel) de la musique jusqu’à cette discussion.

Selon moi, aimer la musique contemporaine, c’est comme aimer le scotch. Ce n’est pas intellectuel, mais sensoriel, et l’appréciation de cette musique se fait par l’aiguisement d’une sensibilité, et non d’une étude.

Pour aimer le scotch, on peut connaître la théorie… le fût de chêne, le malt, l’Écosse… mais ça ne nous permettra pas d’aimer le scotch.

Aimer le scotch, c’est le « comprendre ». Pour «apprendre» à aimer le scotch, il faut tout simplement en boire, histoire de raffiner son expérience.

Quand on boit du scotch, c’est l’intégrale de notre expérience gustative qui passe sur notre langue. «Des mûres, des clous de girofle, un peu de boisé, un soupçon de vanille…» Et plus on apprécie de mets culinaires, plus on aime le scotch.

Et plus on aime le scotch, plus on aime tout, et qu’on aime goûter à tout, et qu’on crée des liens entre tout et tout : on devient ami avec notre langue.

Dans les quatuors à cordes de Lachenmann, on peut y entendre des flûtes, des clarinettes, la mer, une radio qui griche… s’en dégage une sorte d’émotion indescriptible propre à l’art profond.

Néanmoins, il existe certaines musiques qui demandent plus de connaissances théoriques pour les apprécier. Le flûtiste m’aura convaincu en me parlant d’une fugue de Bach, ou d’un solo de jazz. Réflexion à poursuivre…

Claude Gingras

J’ai une ex qui, comme Claude Gingras, était constamment déçue de moi car je ne répondais pas à ses attentes (essayez pas, c’était pas sur le plan sexuel – ah que vous avez l’esprit mal tourné!). Je n’étais pas ci, je n’étais pas ça, et même si j’étais quelque chose de pas si pire, je n’étais pas ce qu’elle s’était imaginé de moi : j’étais donc un enfoiré.

Claude Gingras a détesté le dernier concert d’Halloween de la SMCQ parce qu’il n’avait «rien à voir avec l’halloween.» Oui, et alors? C’était autre chose que des citrouilles, des sorcières et des zombies. Et puis? Est-ce que c’était bon ou mauvais?

Ah, les critiques et les femmes!

Mot de la fin

Lachenmann! Il gagne le prestigissime « prix » de mon compositeur préféré de la semaine. Vous le trouvez difficile à cerner? Moins que les critiques et les femmes! (bon ok, ça devient obsédant ma comparaison – une chance que la chronique se termine!)


Tsé. Vous êtes pas obligés de l’écouter au complet pour « comprendre ». Des fois, on finit pas notre assiette pis c’est correct aussi.

Pas marre, du vrai monde ordinaire?

by Symon Henry

-symon-

Réflexion d’un mercredi après-midi employé à faire de la mise en page de partitions:

Le cinéma, la télévision, la radio, la littérature, même la poésie, toutes ces sympathiques sphères de la culture d’aujourd’hui sont obsédés par cet être machiavélique et insaisissable qu’on a gentiment affublé de l’étiquettes « Monsieur/madame tout le monde ».

Cette personne-là, c’est votre oncle ou votre tante, sympathique, mais pas trop « smat(te) », pas trop « cultivé(e) », qui s’intéresse un peu à tout, veut comprendre un peu tout, mais sans se prendre la tête avec les détails. Cette personne vit bien, mais sans être trop riche ou trop pauvre, a peut-être des enfants, mais pas trop, a une job qu’elle aime (… mais pas trop), une maison sympathique.

Bref, une personne ordinaire, moyenne.

Mais dites-moi donc qui voudrait se faire traiter de « moyen », « ordinaire ».

M’semble qu’il y a quelque chose d’insultant là-dedans.

D’insultant pour les individus, mais surtout pour notre société. En effet, notre projet de société, en ce moment, consiste à plaire « au monde ordinaire ».

Et si ce « monde ordinaire » n’était pas si « ordinaire » que ça?

Et si on prenait chacun de ces individus et on faisait ressortir son côté EXTRA-ordinaire, dans le sens de « sortant de l’ordinaire ». N’y serions-nous pas tous gagnants?

Du coup, au lieu de demander à la personne « ordinaire et moyenne » ce qu’elle pense de la guerre en Afghanistan ou du nouveau projet d’Armand Vaillancourt, pourquoi ne demanderait-on pas à la personne « ordinaire mais qui s’intéresse à la question de la guerre en Afghanistan » son opinion sur ledit sujet?

Mais bon. Ce qui nous intéresse, c’est la vie quotidienne et le « vrai monde ».

Eh bien pas moi.

Je me fous de la couleur de ma brosse à dent. Encore plus du ralentissement sur la ligne orange qui a fait que je suis arrivé 5 minutes en retard au dépanneur pour acheter une bière ordinaire.

M’semble qu’il y a des choses plus intéressantes.

Et puis ne me répliquez pas qu’il faut voir l’intérêt particulier et le contexte de ces exemples. Parce que, du coup, ils ne sont plus « ordinaires ».

Alors bon. Tant qu’à voir l’extra-ordinaire dans la couleur de ma brosse à dent, pourquoi ne pas s’intéresser plus à l’extra-ordinaire, au génie, à la différence… bref, tout ce qui n’est SURTOUT PAS quotidien?

Et, du coup, se mettre à rêver à des projets extra-ordinaires, lire des livres extra-ordinaires, voir des concerts de musiques contemporaines extra-ordinaires….

Hmmm…. m’semble que…

Du coup, pleuvent les accusations d’élitisme, évidemment.

Mais, m’semble que rendre un peu tout le monde un peu plus « élite », ce serait déjà plus constructif que de rendre un peu tout le monde un peu plus ordinaire…

Femme riche Mursi sur le pied de guerre avec un Ipod

Aquin… ou la folie qu’on a peut-être oubliée..

by Symon Henry

Vivre intensément. Transcender le quotidien.

J’ai un projet: devenir fou.

Profession: révolutionnaire.

http://www.onf.ca/film/Deux_episodes_dans_la_vie_d_Hubert_Aquin

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by gaube

La chronique du dimanche d’aujourd’hui (qui n’est pas dimanche) porte 5 sous-titres, soit le nombre de chefs d’accusation auxquels Omar Khadr a plaidé coupable.

Pierre Lapointe

Si j’aurai pris tant de retard à ma célébrissime chronique, c’est, entre autre, parce qu’il fallait que je termine mes arrangements pour Pierre Lapointe et le quatuor Molinari.

J’ai entendu celui de Michel Gonneville (un professeur de composition au conservatoire). Harpe. Septolets, quintolets. Harmonie flyée. Super beau.

« Tu ne penses pas que Pierre va avoir de la difficulté à chanter ça?

– Y’a juste à pratiquer.»

(en fait, sa réponse était beaucoup plus nuancée que ça, mais moins drôle)

Je me suis dis que l’une des concrétisations de la maturité en composition, c’est d’oser.

Jujubes + bière

« Ouche, ça scrap tellement le goût de la bière!

– Mais ça rehausse tellement celui des jujubes! »

Hermétisme

« Est-ce que t’es au moins conscient que c’est un niveau d’hermétisme très élevé, ce genre de musique-là où on crie et qu’on tape sur le violoncelle?

– Non, il ne s’en rend pas compte » , répondit Florence à ma place.

Un cri dans une toune. En quoi c’est hermétique?

C’est le même cri que l’on retrouve dans une pièce de théâtre ou dans un film. Le contexte qui est différent, mais c’est le même cri.

L’hermétisme, c’est quelque chose de difficile à comprendre. Or, un cri est beaucoup moins hermétique qu’un do. De toute façon, la musique, c’est toujours hermétique.

Je songeais à la musique pop en prenant ma douche, il y a quelques jours. La musique pop, c’est une convention. Un accord de do dans une toune des Beatles, c’est le même accord de do que dans une symphonie de Mozart. Mais Mozart ne passe pas à CKOI.

Couplet, refrain, bridge ; sujet de paroles récurrentes ; progression d’accords semblables ; bon beat de drum qui groove.  Ça nous permet de mieux appréhender ce chaos dans lequel on palpe le beau, parce qu’on ne se retrouve devant un chaos pas entièrement différent de qu’est-ce qu’on a connu avant.

La musique contemporaine, c’est certain que c’est déroutant, qu’on a très peu de points de repère si on en entend pour la première fois. Mais hermétique, pas toujours.

Guantanamo beach

(mille excuses à Alexis Raynault)

 

À la recherche du temps perdu

C’est un peu paradoxal qu’un livre qui prend autant de temps à lire s’appelle « à la recherche du temps perdu. » Enfin. Voici un passage qui m’a émouvé :

Mais aucun n’aurait été jusqu’à dire : « C’est un grand écrivain, il a un grand talent. » Ils ne disaient même pas qu’il avait du talent. Ils ne le disaient pas parce qu’ils ne le savaient pas. Nous sommes très longs à reconnaître dans la physionomie particulière d’un nouvel écrivain le modèle qui porte le nom de « grand talent » dans notre musée des idées générales. Justement parce que cette physionomie est nouvelle, nous ne la trouvons pas tout à fait ressemblante à ce que nous appelons talent. Nous disons plutôt originalité, charme, délicatesse, force ; et puis un jour nous nous rendons compte que c’est justement tout cela le talent.

Combray, page 206